Retour au musée en mode psyché
Par Caroline Canault.
Avec Psychédélices, le Musée International des Arts Modestes de Sète ne pouvait pas mieux faire pour inciter le public à goûter à nouveau au plaisir d’aller musée. Aussi dingue que bien pensée, l’exposition couronne parfaitement 20 années d’une programmation à l’avant-garde d’expériences visionnaires.
Il fallait bien quelques travaux, judicieusement envisagés pendant ces moments de restriction culturelle forcée, pour redonner au MIAM un bel éclat artistique. Le musée novateur voire en marge de la création, renoue dignement avec le public depuis le 4 juin 2021 avec toute la fantaisie qui le caractérise.
L’exposition joyeuse, amusée et accessible à tout public présente des œuvres influencées par les substances illicites et émergentes des 70’s, participant aux visions hallucinogènes des artistes. D’autres créations déjantées, mais issues d’imaginaires non stimulés par les psychotropes, demeurent toutes aussi significatives du mouvement psychédélique. (*)
Les commissaires Barnabé Mons et Pascal Saumade réunissent pour Psychédélices, un melting pot d’artistes jeunes, confirmés voir ultra-célèbres. Les oeuvres loufoques et porteuses de sens des sétois, Cosentino, Périmon, Cervera, Combas, côtoient celles d’Henri Michaux, de François Lagarde, de Jacques Pyon, Joseph Sima ou encore d’Hervé Di Rosa (cofondateur du MIAM.)
Les objets chinés de Bernard Belluc (autre cofondateur du MIAM) présentés au sein de vitrines thématiques fourre-tout de la collection permanente concluent à merveille, au dernier étage, la visite du musée qui fête ses 20 ans cette année.
(*) Le mouvement révélateur de l’âme. Le terme psychédélique apparait en 1957 au terme d’échanges épistolaires entre l’écrivain Aldous Huxley et le psychiatre Humphrey Osmond, il signifie « révélateur de l’âme. » Au milieu des années 60, l’art psychédélique trouve un écho spectaculaire dans la musique mais beaucoup moins dans le domaine pictural puisqu’il s’exprime essentiellement sur des supports peu académiques et plutôt liés au divertissement tels que des pochettes de disques, des bandes dessinées ou des posters manufacturés. Le mouvement reste underground avec peu de visibilité au sein des institutions de l’art et s’éteint progressivement au cours des années 80. Le récent regain d’intérêt pour les substances psychédéliques dans la recherche scientifique aux USA comme en Europe, ainsi que la dépénalisation de l’usage des champignons hallucinogènes dans certains états d’Amérique sont autant de signes qui devraient redonner un élan de jouvence à ce mouvement qui s’inscrit aujourd’hui légitimement dans l’histoire de l’art.
Forever Miam” & “Psychédélices”
Du 4 juin 2021 au 9 janvier 2022.
Au MIAM à Sète.