Développer la femme sauvage
Par Marie-Christine Palombit
« L’humain est au centre de ma recherche plastique et cette approche passe par la représentation du corps dans tous ses états. Pour moi, le corps nu et sa posture sont révélateurs de ce que l’on est, sans fard. Je ne désire pas faire passer une émotion ou un état de vie par le biais de l’expression du visage ou de ses masques. Je préfère développer des scènes figuratives exprimant des actes de nécessité humaines à caractère symbolique : marcher, toucher, gratter, pincer, planter, cueillir et accueillir, se prostrer, appeler, courir, ramasser, embrasser, montrer…
A partir de cette démarche, j’ai ressenti la nécessité de découvrir et de rencontrer ce qui est appelé « le féminin sacré ». Cette quête intérieure m’a amenée à toucher de plus près les qualités de la polarité féminine. La spécificité de cette énergie s’ouvre naturellement vers un développement affiné de l’intuition, de l’écoute et du travail avec le vivant sous toutes ses formes. Je savais que par le dessin, la peinture, la photographie, j’allais pouvoir développer ces qualités qui touchent ce que Clarissa Pinkola Estès, conteuse et psychanalyste jungienne, appelle « La femme sauvage ». C’est là le point sensible d’une résilience mais aussi d’une transformation. Cela devient donc un véritable processus de création.
Comprendre et pratiquer ainsi les processus du développement et des métamorphoses liés à l’humain m’ont toujours fascinée et prise « aux tripes ». Ensuite, cette volonté de transmettre et de redonner au monde mes compréhensions et explorations du grand mystère humain reste une nécessité viscérale pour me sentir profondément vivante. L’enseignement m’a permis, par une pédagogie adaptée, d’aider l’autre à satisfaire son désir le plus fort de se libérer de ses carcans et de ses croyances, limitantes dans le domaine de la création.
J’appartiens déjà à différents groupes artistiques. Mais dans le cadre de DF ART PROJECT, le dynamisme dégagé par ce collectif, son approche, sa volonté de rassembler des sensibilités proches me touchent vraiment. Actuellement, cheminer seule est difficile, parfois violent. Nous sommes en effet souvent isolés dans nos ateliers respectifs. Même si cette solitude est volontaire et nécessaire, trouver ses familles de cœur et son public est vital, le sentiment d’appartenance devient alors fondamental pour certains. »