« Les grands artistes ont toujours pris une liberté face aux conventions. »
Propos recueillis par Caroline Canault.
Almine Rech. Photo : Julio Piatti.
Almine Rech, galeriste internationale défend plus de soixante artistes dans ses galeries situées à Paris, Londres, Bruxelles, New-York et Shangaï. Elle partage sa vision d’un art contemporain où la manière inédite d’aborder les questionnements figuratifs se perpétue dans le temps.
La peinture figurative a-t-elle une issue selon vous ?
Je pense que la peinture en général et la figuration en particulier ont été et restent les moyens les plus intéressants pour les peintres d’exprimer leur vision sur le monde et les êtres qui leur sont contemporains. Je ne peux pas imaginer que ce désir de montrer leur vision puisse s’arrêter.
La peinture figurative témoigne-t-elle aujourd’hui d’une nouvelle situation picturale ?
De tout temps les artistes ont joué des conventions de représentation avec les nus, les portraits, les paysages, les sujets populaires ou les objets de consommation… Ils ont détourné les conventions, les ont remises en cause, questionnées.
Pensez-vous que les artistes prennent aujourd’hui plus de liberté pour interpréter le réel ?
Les grands artistes ont toujours pris cette liberté. Depuis la Renaissance jusqu’aujourd’hui, de Michel-Ange, à Velasquez, Goya puis Freud, Bacon pour n’en citer que certains. De nos jours, les portraits « psychologiques » ou la manière de montrer le nu féminin par exemple sont dégagés de toutes conventions académiques ou en jouent.
Les artistes contemporains ne dépassent-ils pas les anciens clivages de l’art ?
Je crois qu’on a dépassé depuis longtemps les autocensures que certains artistes ont pu s’imposer autrefois.
Peut-on encore aujourd’hui tenter de dégager les différences entre la figuration et l’abstraction ?
Oui on peut. On peut toujours interpréter une œuvre figurative en pensant qu’elle raconte une histoire même si la solution plastique se situe à l’intérieur de l’histoire de la peinture. Une œuvre abstraite est liée à l’histoire de la peinture, à l’évolution de l’histoire des formes, en se dégageant de toute interprétation narrative. Sauf si l’on considère comme abstrait de peindre des mots car dans ce cas, on a de nouveau une possibilité d’y voir une narration.