Claude André Thibaud donne à voir le multiple

Par Caroline Canault.

L’idée de vraisemblance et de proportion n’est pas le propos de l’artiste. Dans un mouvement constant sur toile, à l’acrylique, au pastel, parfois à l’aide du collage, l’énergie de son geste se maintient à la limite de l’évanescence.

Des émotions violentes le traversent tel un feu souterrain. Elles surgissent sous une éruption de tonalités éclatantes. L’explosion d’un trop plein impossible à contenir s’exprime par la déformation et la torsion.

Les corps figurés, fragmentés, démembrés voire écartelés ne sont parfois presque plus humains. Pourtant sous leur anatomie convulsive, ils laissent apparaître squelettes, organes et viscères.

Leur chair criante fait place à la figure blanche fantomatique. L’exigence picturale se plie à l’éclatement du point de vue et à la dépersonnalisation de l’individualité. Les silhouettes deviennent des présences, des semblables dépourvus d’identité ou de genre, des perceptions qui se détachent pour devenir autonomes.

Les pulsions créatrices et destructrices se confondent. Claude André Thibaud donne à voir le multiple. Avec une volonté de rester au plus près du surgissement, il accroît le pouvoir suggestif. C’est un processus de libre interprétation des réalités distinctes du corps en tant que lieu de métamorphoses entre l’inanimé et l’animé, entre le vivant et le mort.

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